Smart City + est une plateforme numérique dédiée à la « cité intelligente » pour GPSO, notre communauté d’agglomération. Le projet, en cours de finalisation, ne propose rien de moins que de « réinventer le vivre ensemble » via la mise en ligne de services et d’un réseau social d’hyper proximité.
Le site du projet, www.smartcityplus.com, évoque des thématiques aussi enthousiasmantes que la dynamique participative, les échanges citoyens, la mutualisation des services, l’open data, le covoiturage, la solidarité, le partage, l’entraide, etc.
En tant que citoyen, conseiller municipal de Chaville et par ailleurs intéressé par la transition numérique à titre professionnel, j’ai participé avec quelques-uns aux premiers tests de l’application organisés au Cube à Issy-les-Moulineaux.
Nous n’étions là que pour tester l’ergonomie de l’outil encore en cours de débogage !
Mais ce n’est pas parce qu’on ne nous donne pas la parole qu’il ne faut pas la prendre : voilà quelques remarques personnelles sur ce projet et sur ces tests.
Premier constat : nous ne sommes tout au plus qu’une petite dizaine pour ce premier test, dont bon nombre d’élus locaux.
Deuxième observation : c’est un opérateur privé, Navidis, qui ouvre et anime la séance. La « Cité » n’est plus l’affaire des citoyens ou de leurs représentants !?! Aucune information n’est donnée sur qui est Smart City +. Les partenaires sont bien mentionnés sur le site web et GPSO apparait comme un simple opérateur de collecte et de valorisation de données urbaines et référent sur les usages ( ?). Qui est véritablement le maître d’ouvrage du projet ? Qui en sont les bénéficiaires ? Quel est le modèle économique de son fonctionnement ? Et surtout, quelle en est la gouvernance citoyenne du dispositif. Il s’agit en première analyse d’un service public émergeant qui ne fait l’objet d’aucune délégation ou mandat. Sur un sujet aussi sensible que l’utilisation commerciale des données citoyennes privées, on est en droit de se poser la question. Le sujet n’a jamais été présenté en conseil municipal ni à Chaville, ni d’ailleurs dans les autres communes concernées.
Troisième point : comme beaucoup, je suis convaincu que le numérique va ouvrir de nouvelles possibilités et rendre possible une forme d’économie de partage citoyenne et un renouvellement de la démocratie participative. Le succès de la démarche dépend de la manière dont sont pris en compte les nouveaux usages. Une forme de consultation innovante des citoyens basée sur l’expérience vécue se doit d’être organisée afin de concevoir des services vraiment adaptés. Il n’en est rien pour l’instant. Une série de fonctionnalités sont proposées par la plateforme alliant un mélange de pâles imitations de Facebook, Google Maps et des Pages Jaunes. Où sont les applications collaboratives pour l’autopartage, le co-voiturage entre particuliers, pour les réseaux d’échanges de services et de savoirs ? On ne propose que quelques fonctionnalités ne pouvant rivaliser avec Koolicar, BlaBlaCar, Citygoo ou encore Stootie. Qu’est-il proposé en terme de démocratie participative ? de consultation citoyenne ? Comment sont valorisées les offres les associations existantes ?
Mais rassurez-vous, là n’était pas la question posée aux aimables citoyens rassemblés ! Ce n’est pas sur ces points nous nous étions consultés !!!
Smart City + peut devenir un beau projet citoyen, mais pour ce faire, sa propre conception doit appliquer ce que le projet revendique : la dynamique participative !!!
David Ernest